Sunset Sound Studios

Tout cela est bel et bien réel: c’est bien arrivé à LA, à l’intérieur du studio 1 de Sunset Sound Studios d’Hollywood, le studio le plus éloigné de la façade de Sunset Boulevard, que les Rolling Stones accompagnés de leur producteur Jimmy Miller vont rajouter les voix, les overdubs, réaliser les mixages et même enregistrer de nouvelles chansons, puis terminer l’album qui ne s’appelle pas encore « Exile On Main Street ». Environ 200 bobines[1] de bandes 16 pistes de 2 pouces provenant des sessions d’ « Exile » à « Nellcôte » ont été envoyées aux Etats-Unis pour être complétées à Los Angeles aux «Sunset Sound Studios »,  un studio d’enregistrement créé en 1958 par Tutti Camarata[2], un ingénieur du son qui sera engagé par Walt Disney. Le studio sera d’abord exclusivement destiné à la production de dessins animés comme Bambi et les 101 Dalmatiens, puis s’ouvrira à des légendes du jazz comme Sergio Mendes, les Doors et enfin les Stones pour certaines parties de « Beggars Banquet » et « Let It Bleed ». « Il a un son honnête, un temps de réverbération agréable et restitue une bonne ambiance des instruments, grâce aux surfaces en bois », dit Joe Chiccarelli, un ingénieur du son lauréat d’un Grammy. Les salles du Sunset Sound conviennent aussi bien au mixage qu’à l’enregistrement, bien que la plupart des clients semblent réserver les studios pour les enregistrements, et leur utilisation reflète l’évolution de l’industrie musicale.

Le 24 novembre[3], en plein milieu des sessions de mixage, Mick Jagger détaille les plans de ce qui deviendra la future « Stones Touring Party »[4] , soit 40 destinations différentes aux Etats-Unis et au Canada, une tournée qui devrait se passer au printemps 1972. Il admet par la même occasion qu’il adorerait aller jouer en Russie et annonce par la même occasion que les négociations sont en cours.

Loin de la Côte d’Azur, l’ancien ordre hiérarchique est rétabli. Mick reprend les choses en main et le 29 novembre 1971, les deux Mick, Keith, Anita, Rose, Charlie et Shirley, Bill et Astrid s’envolent vers New York[5]. Mick Jagger prolonge son voyage vers Los Angeles et Keith[6] fait un détour par Nashville pour récupérer les nouvelles guitares qu’il a commandées après le vol dans la villa. Anita enceinte, doit accoucher en avril 1972. « Quand je serai enceinte de cinq mois, j’arrêterai l’héroïne », disait-elle3. Son médecin l’a prévenue que son bébé souffrirait si elle continuait à se droguer, mais sa peur ne faisait que l’inciter à en prendre davantage.

Techniquement parlant, les Rolling Stones sont donc toujours en exil. Heureusement pour eux, trouver un studio pour le mixage de l’album est bien plus facile à trouver dans le Sud de la Californie que dans le Sud de la France. « On allait toujours à LA pour terminer nos albums. C’était notre mode opératoire. On est donc parti à LA », raconte Mick[7]. « Lorsqu’on a dû travailler au mixage d’« Exile », c’était mon idée d’aller à L.A » se rappelle Andy Johns[8] . « Et donc je me suis retrouvé en position de force, parce que le groupe était fatigué de travailler sur l’album, et surtout parce que j’étais le seul à savoir ce qu’il y avait sur les bobines, et que les autres avaient déjà tout oublié. Mick et moi sommes devenus plus ou moins amis. Il venait chez moi à la maison, on buvait des bières ensemble avec mon épouse et on blaguait, un vrai rêve d’enfant pour moi. D’un autre côté c’était une sacrée responsabilité que de demander régulièrement mon opinion ».

Rose et Mick Taylor, s’installent dans un petit ranch en face de la résidence temporaire de Keith et d’Anita situé à Bel-Air, sur la Stone Canyon Road, tandis que Mick et Bianca vivent dans une maison gigantesque. Heureusement leur anonymat y est préservé. La vie quotidienne n’a plus rien à voir en comparaison de la folie décadente de celle de « Nellcôte », enfin presque. En effet, la cuisinière de Rose et de Mick, Janie Villiers fait ses premiers pas dans l’environnement déjanté des Stones. Janie était impressionnée par Keith, lorsqu’elle lui apportait ses repas. « Ma première fois ce fut un choc », déclare-t-elle1 : « il a ouvert la porte, le regard fou , les cheveux emmêlés, le pantalon à moitié descendu. « Qui-êtes-vous ? » a-t-il demandé en me regardant d’un air méfiant. Il m’a fallu faire un effort pour ne pas laisser tomber ma casserole et m’enfuir. Au début je me suis dit qu’il correspondait parfaitement à son image : le Rolling Stone négligé, sauvage, qui se droguait et se fichait de son apparence. A mon grand étonnement, Keith se révéla ensuite le plus chaleureux et le plus gentil de tous les Stones ». Janie s’occupera de Chloe, de Marlon mais également de Jade, la fille de Mick et de Bianca.

Alors que les Rolling Stones deviennent indésirables en France, le 1er décembre 1972, Bill Wyman, Charlie Watts et Mick Taylor sont convoqués en France pour y être interrogés par la police de Nice. Ils s’envolent de Los Angeles pour la France, et seront rejoints quelques jours plus tard par Mick Jagger et Bianca qui ont fait un crochet par Paris pour parler aux avocats du groupe. Puis, le 4 décembre, ils se présentent devant le juge de Nice qui ne semble vouloir les inculper que pour usage de drogue et non pour des charges plus graves, comme trafiquant. Reste le cas de Keith qui reste un problème majeur. Alors que les trois Stones retournent en Jamaïque, le procureur de Nice lance un mandat d’arrêt international contre Keith. Les Perrin, l’attaché de presse des Stones appelle Keith pour l’en informer. Pour Bill, Charlie et Mick les choses semblent claires : on ne les aurait jamais fait traverser la moitié du monde s’ils avaient risqué de se faire arrêter, confirmant ainsi que le Prince Rupert a encore une fois bien joué son rôle : la première fois en les envoyant en exile, la seconde en les en sauvant.

Au cours de leur exil aux Etats-Unis, les Stones rentabilisent le « Mighty Mobile, leur studio mobile en le louant au groupe britannique Deep Purple qui enregistre en Suisse, à Montreux. Au cours d’un concert de l’artiste Frank Zappa, le 12 décembre3, un incendie se déclare dans le casino. Le studio mobile échappe de peu de la destruction. L’incendie servira de source d’inspiration à l’écriture de « Smoke On The Water ».

Deux semaines après leur arrivée aux Etats-Unis, le 14 décembre2, la police française fait enfin une descente à Nellcôte. Elle aurait trouvé assez de cocaïne, d’héroïne et de haschisch pour condamner Keith Richards à une longue peine.

Sous la surveillance d’Ahmet Ertegun, soucieux de rentabiliser les investissements d’Atlantic Records, Keith et Mick sont bien obligés de laisser leurs différends au placard. « On s’est retrouvés à Los Angeles pour habiller le squelette de chair », fait remarquer Keith[9]. « Pendant près de quatre mois et demi au début de 1972, on a enregistré ce qui manquait à « Exile ». C’était intéressant de jouer l’album à nos amis musiciens de LA, d’avoir leur avis, parce qu’à « Nellcôte » on vivait dans notre bulle. Mick3 confirme : « On est allé à Sunset Sound pour terminer l’album. On a enregistré mon chant, le chant harmonique et la voix de Keith. On a ajouté la guitare hawaïenne, de la contrebasse. D’autres musiciens sont venus apporter leur contribution. On a travaillé les chœurs. La première partie était bonne, mais continue. L’ajout de ces sons donne plus de profondeur aux chansons. C’est principalement ce qu’on a fait à L.A. Les choristes apportaient énormément. On ajoutait sans cesse de nouveaux éléments aux chansons. C’est toujours stressant. Il faut choisir les chansons, les bonnes prises, et passer des heures dans le studio pour tout mettre au point ». Cela a démarré lentement.

« Je mettais beaucoup de temps à faire les mixages, mais ils ressortaient plutôt bien » se rappelle Andy Johns8. « On faisait les overdubs en même temps. Et le type du syndicat des musiciens est venu pour essayer de nous arrêter. Le syndicat disait que si vous étiez des musiciens étrangers, vous deviez lui donner 1 % du disque. Alors ils m’ont prévenu à la réception : « Il est encore là ! Alors, on se démenait pour tout ranger et il entrait. Je faisais semblant d’être en train de mixer. Et à cette époque, je veux dire, personne ne prenait quatre ou cinq mois pour mixer un disque. (rires). Vous le faisiez en une semaine. Donc il était très méfiant. Je me souviens que nous sommes allés au studio Wally Heider en bas de la rue, et il est venu pour essayer de nous arrêter à nouveau. Et Bobby Keys était en train de jouer du saxophone ténor. Et il savait qui était ce type. Il est sorti du studio en courant vers la salle de contrôle qui s’ouvrait directement sur la rue à Hollywood. Bobby avait son saxophone au-dessus de sa tête et il allait lui éclater la cervelle. Et le type court vers Hollywood Blvd avec Bobby qui lui crie et lui hurle dessus avec le saxophone toujours au-dessus de sa tête. Je les ai vus tourner au coin de la rue et je n’ai pas revu Bobby pendant deux semaines. (rires). Je pense qu’il est allé dans un bar et a oublié pourquoi nous étions là (rires). Donc on n’a jamais revu ce gars. Bobby lui a fait vivre la peur du Texas ». A part cela Bobby n’a pas vraiment été impliqué dans le mixage de l’album. « Je louais la maison de Georges Harrison qui a dû rentrer en Angleterre. C’était le bureau des Stones qui payait mais finalement cela m’a coûté un paquet d’argent à cause d’une soirée que Keith et moi avons organisé avec des milliers de personnes ».

« Dans le métier on disait que c’était suicidaire de faire un double album. Forcément, pour les compagnies, ça complique les histoires de prix et de distribution. Mais on a tenu bon, c’était audacieux. On a dit, c’est comme ça, et s’il faut un double album, ce sera un double album ». « On n’avait jamais sorti de double album » fait remarquer Mick Jagger. « On s’est montré naïf. Cela représentait un travail énorme. La pression était intense et on en avait un peu marre ». Keith disait : « cet album m’épuise ». « Mais beaucoup de chansons n’étaient pas terminées. Certaines n’avaient pas de paroles, ou des paroles partielles, ou pas du tout. On n’était pas au bout de nos peines ». Et cela a pris des éternités : mixage, couleur sonore et puis devoir déterminer quels morceaux viennent sur chaque face, c’est Mick qui sort de l’ombre cette fois-ci et qui dirige les opérations. Charlie et Bill se transforment en accompagnateur plus qu’en réels membres du groupe, pendant que Mick et Keith continuent de faire une quantité importante d’« overdubs », pas toujours indispensables selon Andy Johns qui commence à faire le mixage. Chose qu’il n’aurait pas pu faire dans le studio mobile de Nellcôte, il se met à faire ce qu’il appelle la « partie chiante et interminable ». Et c’est très lent, à tel point qu’il se fait vertement remonter les bretelles par Mick. Andy Johns décide de quitter les Stones avant les vacances de Noël. Mick travaille maintenant avec Joe Zagarino, le protégé de Jimmy Miller et fait appel à des musiciens de studios prestigieux additionnels, Bill Preston[10] et Dr John mais également à des choristes. Billy Preston[11] qui a travaillé avec les Beatles et également sur « You Can’t Always Get What You Want » sur l’album « Sticky Fingers» en compagnie de Nicky Hopkins au clavier est appelé[12] pour faire des overdubs au piano et aux claviers sur « Shine A Light ».  Les stones ont également recours à Bill Plummer, un joueur de contrebasse qui remplacera Bill Wyman pour les sessions d’overdubs. « Les Stones n’étaient pas vraiment ce qu’on aurait pu appeler les « Mormon Tabernacle Choirs », raconte Plummer[13]. « Il y a eu beaucoup d’échanges et, bien sûr, c’est toujours un plaisir d’être invité à jouer sur une chanson appelée « Turd On The Run ». Mais ils savaient aussi exactement ce qu’ils voulaient. J’ai fait quatre morceaux en deux heures environ, j’ai serré la main de tout le monde et je suis rentré chez moi. Il y avait une grande foule à la porte arrière, je me souviens, et les gens s’inquiétaient de savoir si c’était les « Hell’s Angles ». Mick et Keith se faisaient harceler par eux ».  

Dr John se plaignait amèrement du manque de crédit que les Stones avaient accordé aux musiciens très talentueux qu’il avait amenés aux sessions de Los Angeles. Sur « Sweet Black Angel », les marimbas sont créditées à « Amyl Nitrate », ce qui, selon Dr John, aurait dû être attribué au percussionniste Richard Washington. Tammy Lynn se souvient avec plus de tendresse de la session qui a duré toute la nuit, la décrivant un quart de siècle plus tard comme très libre, très créative, très artistique. Elle ajoute : « Quand vous faites de la musique, vous ne savez pas que vous faites l’histoire. Vous y allez pour vous amuser, vous passez la nuit et vous faites la fête ». L’impression qu’elle garde de Richards est celle d’un musicien ouvert, absolument honnête et même humble, ce qui n’a rien à voir avec une superstar. Tammy Lynn[14] dira plus tard de Keith Richards : « Keith est un type très humain….C’est un fabuleux musicien et il est conscient qu’il a eu une vie de bas et de haut, ce qui a fait de lui un meilleur homme ».

Dr John amènera également avec lui la choriste Venetta Fields. Elle1 reçoit un appel téléphonique de sa part pour venir faire les sessions de chœurs d’Exile au Sunset Sound vers minuit, un soir de novembre 1971. Venetta avait récemment vu un manteau en daim patchwork qui lui plaisait dans un magasin local. « Le manteau était toujours en solde et je devais aller à Las Vegas pour travailler avec Nancy Sinatra, c’est pourquoi je voulais le manteau. Les Stones étaient un spectacle payant. J’avais donc de l’argent pour aller chercher le manteau. » Avec le recul, elle pense avoir été payée environ 500 dollars pour ses quelque trois heures de travail en studio à Exile. Avec Tammy Lynn, Clydie King et Sherlie Matthews, Venetta Fields va contribuer aux chœurs sur quatre titres de l’album: « Shine a Light », « I Just Want to See His Face », « Let It Loose » et le tube « Tumbling Dice », qui est devenu une signature des Stones. « C’était juste une autre session, une autre journée au bureau », dit-elle. « Je ne me souciais pas vraiment des Stones musicalement, ce n’était pas mon type de musique ».  Venetta arrive de son appartement de Malibu à la session des Stones dans sa Corvette verte. Lorsqu’elle arrive, Mick Jagger est le seul des Stones à être resté après leurs propres overdubs. « Je savais qui était Mick Jagger, mais cela ne m’a pas dérangé », dit Venetta, qui avait la trentaine quand elle a travaillé sur « Exile », et avait déjà travaillé avec des stars comme Ray Charles, Streisand et Ike et Tina Turner.

À l’intérieur du studio 1, King, Matthews et Fields sont regroupés autour d’un micro dans leur formation habituelle, Fields étant au milieu. « Je chantais toujours les parties hautes, Clyde les parties moyennes et Sherlie les parties basses. Mick nous disait ce qu’il voulait mais en gros, il nous laissait faire ce qu’on voulait ». Cela ajoutait une authentique vibration gospel aux morceaux et même plus : « C’était de la soul noire. Nous nous sommes interrogés sur les Anglais, pourquoi ils nous voulaient, mais ils voulaient de la noirceur dans les voix ». A l’issue des enregistrements Venetta Fields a pris son argent et s’est acheté ce fameux manteau en patchwork. Elle a poursuivi une carrière si riche en histoires, comprenant des tournées et du travail en studio avec Pink Floyd, Steely Dan et Leonard Cohen, qu’à un moment donné elle a littéralement oublié sa connexion avec les Stones. « Quand j’étais avec Humble Pie, Steve Marriott, et moi nous sommes disputés », raconte Fields. « Il m’a dit que j’avais chanté sur « Exile on Main Street » et je lui ai répondu que ce n’était pas le cas. Parce que je ne le considérais pas à l’époque. C’était juste une autre session qui s’est avérée être historique. Je n’en avais aucune idée. Mais je suis très fier d’avoir participé à Exile on Main St. »

C’est également à ce moment qu’Al Perkins enregistre ses parties lyriques de « steel pedal » pour le morceau « Torn and Frayed ». Alors membre des Flying Burrito Brothers, Perkins avait récemment acquis une « ZB Custom » à double manche d’occasion auprès de Tom Brumley, le « steel player » de Ricky Nelson, juste avant la session d’« Exile » de décembre 1971.  Perkins se prépare à partir en tournée avec Manassas, le nouveau groupe de Stephen Stills lorsqu’il est appelé pour une session nocturne d’ «Exile». Il gare sa Pontiac Le Mans sur le parking derrière Sunset Sound et sort son instrument du coffre, puis s’installe dans la salle de contrôle, à l’extrémité droite de la console personnalisée construite par Bob Bushnell. Perkins n’utilise pas d’ampli pendant la session, mais il passe par un limiteur à tubes, puis directement dans la console, ce qui est surprenant, car le son de « Torn and Frayed » est riche et chaleureux. « Ils voulaient que j’aie l’impression de jouer en direct avec eux », explique Perkins1. Lorsqu’ils ont commencé à faire tourner le disque, j’ai demandé une voix et ils m’ont répondu : « Nous n’avons pas de voix pour l’instant, alors Mick va chanter ». Ils ont donné un micro à Mick qui s’est mis à chanter chaque fois que je recommençais mes prises. On n’en a pas fait tant que ça, je crois qu’on a fait trois passages, et il faisait toute sa routine de scène juste là, dans le studio. Et moi qui essayais de me concentrer sur une guitare toute neuve ». Il rajoute : « le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était un peu inhabituel de le voir danser partout ».

Comme il n’était en possession de sa « ZB Custom steel » que depuis environ trois semaines, Perkins « se battait un peu » et « jouait la sécurité ». Il se souvient en riant : « Ils m’ont dit : tu peux jouer ce que tu veux, tu peux jouer relax ». Et je me disais : « Je m’étire, j’essaie d’apprendre toutes les parties de cette nouvelle « steel guitar ».

Le producteur Miller et l’ingénieur du son Andy Johns sont à l’autre bout de la console, tout comme Keith Richards et Anita Pallenberg. « J’avais l’impression que Keith et Anita sortaient d’une sorte de soirée costumée », raconte Perkins. « Keith était habillé avec ce look de corsaire, de pirate, et Anita était vêtue d’un tissu extensible pour faire de l’exercice, avec des rayures jaunes et noires autour du corps, et c’était accentué parce qu’elle était enceinte ». Al Perkins entend pour la première fois la version finale d’« Exile » sur un lecteur de cassettes, dans un casque, alors qu’il volait à bord d’un avion dont le bruit couvrait la musique. Je me suis dit : « Wow, c’est un album très varié », raconte-t-il. Bien que Gram Parsons ait déjà quitté les Flying Burrito Brothers au moment où Perkins les rejoint, il enregistrera plus tard des morceaux de « pedal-steel » sur les albums très influents de Gram Parsons. Il est d’ailleurs persuadé que le lien avec Parsons pourrait être la raison pour laquelle il a décroché le contrat avec les Stones.

Bill Wyman, son épouse ainsi que Charlie et Shirley rentrent à Londres pour Noël, tandis que trois jours plus tard, l’« exile » du studio mobile se termine également, ce qui est loin d’être le cas de Bill[15] : « fin janvier je suis retourné à LA. Mick avait dit à Charlie qu’ils avaient mixé 10 morceaux en 8 semaines et qu’il en restait encore 10. J’ai découvert que Marshall Chess trouvait que le son était bon, mais qu’il fallait encore un peu remixer (quelle idée effrayante !). Mick m’a dit que 13 morceaux étaient achevés et sonnaient bien. Keith, qui semblait aller beaucoup mieux n’était pas à la réunion, mais il m’a appelé pour me dire qu’il espérait terminer dans les deux semaines suivantes ».

Après les fêtes, Andy qui n’est plus sous contrat avec les Stones, revient aux Etats-Unis pour travailler sur un autre projet avec Jim Price à Malibu. Jusqu’au jour où Mick le rappelle : « personne ne semble capable de mixer ces trucs, tellement c’est mal enregistré. Voici les bandes, termine ce putain de truc ». En une séance marathon de 48 heures Andy mixe treize des dix-huit titres de l’album. Jimmy Miller ne vient même plus au studio, sauf une nuit pour s’endormir immédiatement sur le canapé. Comme s’en souvient Andy[16] : « la dope l’avait tellement cramé que je ne lui ai rien dit ». Fin janvier, Marshall Chess évoque la perspective effrayante de devoir remixer des titres, même si leur sonorité est très bonne. Bill Wyman retourne en France et Charlie Watts ne reviendra plus à Los Angeles avant la fin du mois de février. Et finalement la quantité de travail qui a été réalisée à Nellcôte reste à relativiser :  6 morceaux sur les 18 avaient été enregistrés au cours de séances antérieures, soit pour « Let It Bleed », soit pour « Sticky Fingers » : « Sweet Virginia », « Sweet Black Angel », « Loving Cup », « Stop Breaking Down », « Shine A Light » et la première version de « Tumbling Dice ».  Mais le premier morceau qui a vraiment été terminé c’est « All Down The Line », une chanson que Mick voudra absolument sortir en « single » mais qui après de nombreuses discussions sera mis de côté au profit de « Tumbling Dice ».

Celui qui en bave à nouveau le plus c’est le pauvre Mick Taylor. Bill Wyman l’écrira plus tard : « Anita et Mick n’étaient pas notre seul souci. Nous savions tous que Mick Taylor avait flirté avec les drogues dures, mais nous n’avions pas réalisé que cela l’avait fortement déprimé ». C’est à ce moment que Rose commence à trouver les premiers signes de la volonté de Mick de quitter les Stones : terriblement solitaire il se met à griffonner des petits papiers mentionnant qu’il se sent en danger et qu’il ne veut plus faire partie des Stones. A un moment, Mick aurait d’ailleurs appelé Bill et Charlie pour leur demander d’enregistrer leur propre musique. La sortie de l’album est prévue pour la fin de la première semaine de mai 1972. Mick et Keith s’occupent encore des mixages qui ont été momentanément rejetés et veulent refaire cinq des titres de l’album. Marshall Chess semble tellement exaspéré qu’il élabore un plan pour emmener les « masters » à New-York pour les livrer en personne à Atlantic Records, pendant que Mick et Keith ne parviennent plus à se décider, affalés sur un canapé à écouter des chansons qu’ils ont déjà écoutées des milliers de fois. Après de longues discussions à propos de la version finale de « Tumbling Dice » qu’il faut garder, Mick fait confiance à Andy et à Jimmy. Marshall continue à se parler à lui-même en pensant à la somme d’argent astronomique qui a été dépensée et aussi au fait qu’il ait réussi à garder confiance en eux : « j’avais vu que pendant « Stcky Fingers » ils arrivaient à resserrer les boulots. C’était ça leur force. Ils avaient cette capacité magique, l’alchimie des éléments qui combinés transformeraient le fer et le charbon en acier. Ils pouvaient ne pas se voir pendant plusieurs mois et au bout de deux jours jouer comme s’ils n’étaient qu’une seule et même personne ».

Andy a finalement bien compris ce que les Stones recherchent comme sonorité pour l’album. Il fait réellement partie du processus créatif d’ « Exile ». Il se rappelle encore la fin des sessions de mixage : « A ce moment Mick était dans le même état que moi et je le savais depuis un certain temps. En voici la preuve : Mick se met à me sourire en me disant : « tu as passé un sale moment avec ces mixages, hein ? » Je lui ai répondu : « oui et j’aimerai bien entendre ce que cela donne à la radio. Il m’a dit alors : « tu veux l’entendre à a radio ? On peut résoudre ce problème ». Mick donne une copie dune chanson à Stu en lui demandant de l’apporter à KTLA. « Appelle-moi quand tu arrives ! Et loue-moi une « limo » avec un téléphone décent et une bonne chaîne stéréo à l’intérieur ». « Je me suis dit oh mon dieu ! Qu’ai-je osé dire ? » Environ 45 minutes plus tard Stu appelle Mick pour lui dire : « oui, je suis arrivé à la station radio, et ils sont tous excités de voir une version exclusive d’un morceau du nouvel album ». « Mick, Keith, Charlie et moi, on s’installe dans la limousine, on se refile quelques joints, puis on descend Sunset Strip. En fait je ne peux pas vraiment rester objectif : j’ai 21 ans, je suis assis dans une Cadillac. Keith s’endort, Charlie s’en fiche et Mick me regarde en me disant : « qu’en penses-tu ? » Je réponds : « j’en sais rien ». Il me reprend : « t’as vraiment intérêt à bien te représenter ce que cela donne ». Puis Mick demande à Stu de lui passer le téléphone alors qu’à l’époque un téléphone dans une bagnole c’était pas courant. Il demande que l’on joue le morceau à nouveau. Au second passage j’ai finalement répondu : « c’est bon pour moi ». J’étais incapable d’ne dire plus. Et si vous écouter ce mix, il n’est pas déraisonnable »

Le 14 avril, une premier « single » est publié sur le label Rolling Stones Records avec « Tumbling Dice » en face A et « Sweet Black Angel » en face B. Deux semaines plus tard, la revue britannique NME distribue gratuitement un « flexi-disc » faisant la promotion du nouvel album à venir. Plus de 300.000 exemplaires de la revue sont vendues, pendant que Keith3 déclare : « On ne peut pas dire que nous soyons vieux à cause du fait qu’on ait des enfants ».

Le nouvel album est enfin prêt : « tout avait commencé dans un sous-sol en se demandant ce qu’on allait faire et maintenant l’album est terminé », se rappelle Mick Jagger3. « Il ne restait plus qu’à boucler la pochette. L’album allait sortir et on allait partir en tournée. C’était exaltant ». Comme d’habitude il reste un petit soucis, comme d’habitude lorsqu’on parle des Rolling Stones : Keith ne peut absolument pas partir en tournée pour faire la promotion d’« Exile On Main Street » : il n’est pas en état de jouer plus de deux heures sur scène,  chaque soir pendant plus de deux mois. Les Stones n’iront nulle part même si l’album est terminé. De plus, début mars, June Shelley, qui s’est occupé de l’organisation du séjour des Stones en France, rencontre les avocats du groupe. Ils lui disent qu’il sera très difficile pour Keith de retourner en France, parce que des personnes qui avaient travaillé à Nellcôte ont vendu la mèche à propos des drogues qui y étaient consommées. Keith, s’inquiétant des effets de l’absorption régulière d’héroïne pouvaient provoquer savait qu’il fallait qu’il s’en sorte s’il voulait pouvoir y retourner. De plus Anita, enceinte de 7 mois n’est pas bien non plus !

Depuis leur arrivée aux Etats-Unis, Keith et Anita suivent un traitement à la méthadone à l’hôpital d’UCLA, mais ils sont encore dans un état fragile. June Shelley ayant pris des dispositions pour poursuivre la désintoxication dans une clinique en Suisse, après quelques faux départs. Le 26 mars 1972, avec Anita en fin de maternité, Keith et Marlon quittent Los Angeles et se rendent à Genève. June Shelley les attend à l’aéroport de Genève. Elle a été chargée par Marshall Chess de s’occuper de l’organisation de leur séjour à la clinique. Ayant vu le couple dans toute sa gloire bronzée à « Nellcôte », Shelley est choquée par leur apparence à la descente de l’avion. Alors que Keith semble complètement épuisé par les premiers stades de son sevrage, Anita est tout aussi pâle et maigre et son état semble encore plus effrayant par le fait qu’il lui manquait plusieurs dents. Une fois sur le sol suisse, ils parcourent 25 km depuis Genève jusqu’à un petit hôtel au bord du lac à Nyon pour se préparer au traitement de 1 000 dollars par jour à la clinique. Ils entrent en contact avec un célèbre médecin du nom de Dr Denber, un praticien basé à New York qui a travaillé avec des toxicomanes dans le Bronx. « C’était probablement la chose la plus difficile que j’ai eu à faire dans ma vie », rapporte June sur l’organisation d’un transfert sûr pour le couple. « J’ai vraiment cru que Keith allait mourir sur le chemin de la clinique. Puis j’ai dû faire face à Anita et à sa grossesse. J’essayais d’être courageuse, d’être forte et d’avoir de l’espoir. On avait Anita, on avait Marlon, on avait la grossesse ». Une fois la panique passée, le docteur Denber s’occupe d’abord de Keith puis d’Anita, son action la plus immédiate étant de remplacer leur traitement à la méthadone par un substitut plus doux. Si Keith réagit bien au nouveau régime, la désintoxication d’Anita est plus complexe en raison de sa grossesse avancée, l’un des effets secondaires de la drogue provoquant des contractions. « Les gens n’ont aucune idée de ce qu’on ressent quand on est en manque. C’est épouvantable », raconte Keith. « Pour donner une idée, c’est un peu mieux que de perdre une jambe dans les tranchées ou que de mourir de faim, mais personne ne ferait cela pour essayer. Ton corps se retourne comme un sac et se fait la guerre à lui-même pendant trois jours durant. Ce sont les trois jours les plus longs de ta vie. Ça grouille de bêtes sous ta peau, tes intestins de révoltent, tu ne peux empêcher tes membres de s’agiter dans tous les sens. Tu dégueules et tu te chies dessus en même temps ».  Mais cela n’empêche pas de replonger.

L’horloge tourne, Denber transfère Anita dans un hôpital de Lausanne, informant l’un des médecins que l’enfant attendu pourrait bien être héroïnomane. À son arrivée à l’hôpital, Anita fait une étrange rencontre avec le médecin chargé de suivre sa grossesse. « C’était tellement irréel, on ne pouvait pas inventer ce genre de choses », se souvient aujourd’hui June Shelley. « Je n’oublierai jamais que je suis assise à côté d’Anita et qu’elle ne dit pas au médecin qu’elle avait pris de l’héroïne. Nous avions pensé que le bureau du Dr Denber l’avait préparé à l’avance et qu’il savait ce qui l’attendait. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il avait une cliente qui avait besoin d’aide. Elle a eu du mal à admettre au médecin qu’elle prenait de l’héroïne ». Le 17 avril, Anita donne naissance à Dandelion Angela Bellstar Richards. Malgré le douloureux sevrage d’héroïne d’Anita, la naissance se déroule sans complication. Avec juste une petite fente à la lèvre, ses yeux sont aussi noirs que ceux de sa mère. Alors que « Dandelion » pouvait sembler être un retour en arrière aux étés hippies d’antan, son nom avait une certaine résonance chez les Stones, puisqu’il était le titre d’un morceau de 1967 de l’album « Their Satanic Majesties », faisant surtout référence à un subtil jeu de mot français, « Dent de Lion », le signe du zodiac de Mick. Néanmoins, l’hôpital étant une organisation catholique, il insiste pour qu’un nom conventionnel soit inscrit sur le certificat. En raison de cette obligation, le couple choisi le nom chrétien de la mère d’Anita pour le certificat de naissance.

Une chose est certaine, le père de celle qui s’appelle aujourd’hui Angela est bien la fille de Keith Richards. « Quand le bébé de Keith et d’Anita est né, c’était, Dieu merci, une petite fille magnifique et en bonne santé », raconte Bill Wyman[17]. « On est revenu à des préoccupations plus terre à terre, concernant la gestion de notre entreprise ». « Quand ma plus jeune fille est née », se souvient Keith, « le médecin qui l’a mise au monde est venu me voir dans le noir, juste après la naissance, et m’a tendu cinq albums des Stones pour que je les signe. C’est un monde fou ». Ça aurait dû être un bon moment, mais c’était difficile d’avoir des enfants et d’appartenir au monde de Keith » raconte Anita. « Nous étions tous les deux encore sous l’emprise de l’héroïne, et puis il partait en concert et je devais rester là toute seule. J’avais des enfants dont je devais m’occuper, mais je ne pouvais pas le faire correctement. Je m’intéressais plus à ma consommation qu’à m’occuper d’eux. Les gens ont commencé à me condamner comme une mauvaise personne, négligeant mes enfants, uniquement intéressée à nourrir mon habitude. Au lieu de les faire dîner, je sortais, je me baladais, je rencontrais des gens et je passais la nuit dans le parc à chercher des soucoupes volantes. Keith n’était pas lui-même en si grande forme ».

Le 4 avril, le premier single d’Exile, « Tumbling Dice »/ »Sweet Black Angel », sort chez Rolling Stones Records. Il a atteint la cinquième place au Royaume-Uni et la septième aux États-Unis. Le 17 avril, Dandelion Richards est née,

Les Stones se retrouvent tous à Montreux. Mick et Bianca arrivent de Londres. Bill Wyman se fait accueillir à son arrivé par Stu et June Shelley. Ils rejoignent Keith qui va beaucoup mieux et passent la semaine à répéter pour la prochaine tournée au cinéma Rialto qui ne semble pas suffisamment insonorisé pour y accueillir les Stones. Les sessions qui durent jusqu’à 4 heures du matin, sont interrompues par la police qui débarque à l’improviste pour tapage nocturne. Les répétitions préparatoires se déroulent dans une atmosphère si militaire que Peter Rudge3 déclare : « Je me sens un peu comme Montgomery avant Alamein – ce n’est pas comme une tournée rock’n’roll, plutôt comme le débarquement en Normandie ».

Le 10 mai3 la sortie de l’album « Exile On Main Street » est postposée. La rumeur circule qu’Allen Klein, s’est opposé à sa sortie mais Marshall Chess rassure en prétendant que c’est un retard du à un problème de production de la pochette du disque. Deux jours plus tard, le procès de 29 millions de dollars des Stones contre Allen Klein est réglé à l’amiable. Il semble maintenant évident que Mick Jagger, le Prince Rupert et Ahmet Ertegun ont la mainmise sur les affaires du groupe. Ils ont pris, à eux trois, les décisions concernant le déroulement de la tournée américaine sans trop tenir compte des préférences de Keith. Celui-ci s’insurge contre l’insistance des hommes d’affaires à faire jouer le groupe dans les plus grands stades plutôt que dans des salles plus petites. Il en veut aux gardes du corps et aux avocats qui les entourent désormais, et n’apprécie pas particulièrement le tour manager, Peter Rudge, qui n’a pas froid aux yeux. Le nouvel agent publicitaire américain du groupe, Gary Stromberg, voit le conflit comme une relation maître-élève : « Il fallait être souvent avec Keith, le protéger. D’un point de vue managérial, il était probablement plus un problème que n’importe qui d’autre ». L’évaluation de Rudge sur les Glimmer Twins était la suivante3: « Mick mourrait pour Keith, et je pense que Keith mourrait pour Mick ».

A la fin du mois, les Stones retournent à Los Angeles afin d’y poursuivre les répétitions dont le coup d’envoi est donné le 3 juin à Vancouver au Canada, pour se terminer 6 semaines plus tard, le jour de l’anniversaire de Mick Taylor, au Madison Square Garden de New York. Les nouvelles à propos de la tournée sont bonnes, le 20 mai, tous les tickets mis en vente pour les représentations de Los Angeles sont déjà vendus. En Grande Bretagne, la sortie d’«Exile » pose quelques problèmes à la BBC[18] : « Exile » a amené une militante britannique pour le « nettoyage de la télévision », Mme Mary Whitehouse[19], enseignante et activiste, à se plaindre à la BBC le 22 juin 1972, au sujet d’obscénités présumées sur deux morceaux, sans les avoir réellement entendues et plus particulièrement au sujet de 4 lettres particulières (C U N T) qui revenaient dans plusieurs chansons. Lord Hill, le directeur général de la BBC, écrit une lettre ouverte à Mary suggérant qu’elle a fait preuve de zèle pour découvrir les obscénités et qu’elle a peut-être entendu ce qu’elle souhaitait entendre. La BBC diffuse l’album dans son intégralité, à l’exception de deux morceaux qui pourraient être répréhensibles. Mary Whitehouse continuera son combat de « bigotte » à l’encontre de la révolution sexuelle, du féminisme et du droit des LGBT.

Au moment où les Stones sont autorisés de rentrer aux Etats-Unis, il y avait tellement de pré-commandes que deux jours après sa sortie officielle « Exile On Main Street » était déjà certifié disque d’or. L’album contient finalement 18 morceaux (et non 20), sort le 22 mai 1972 aux Etats-Unis et le 26 en Grande-Bretagne. Il se classera en tête des « charts » pendant 4 semaines en Grande-Bretagne, une semaine aux Etats-Unis et restera dans les charts pendant près de 4 mois.  

En dehors des Stones eux-mêmes, le nombre de personnes pouvant se souvenir directement du processus d’enregistrement d’ « Exile » s’amenuise. Le producteur Jimmy Miller est mort en 1994, à l’âge de 52 ans ; l’ingénieur Andy Johns l’a suivi en 2013, à 62 ans. Tous les assistants ingénieurs du Sunset Sound qui ont travaillé sur l’album sont également décédés – bien que Craig Hubler, le directeur général de l’installation depuis 1983, puisse confirmer que l’album a été mixé dans le studio 2 du Sunset Sound sur une console Sound Techniques qui a également été utilisée pour « Stairway to Heaven » de Led Zeppelin. Don Was pense que Sunset Sound a joué un rôle énorme dans le résultat final d’« Exile ». « Si vous aimez Exile, alors vous aimez le Sunset Sound, car l’album aurait sonné différemment s’il n’était pas passé par cette chaîne de signaux. J’adore cet endroit. »

 

[1] « The Forgotten L.A. history of the Rolling Stones Exile On Main Street” – LA Weekly – Matt Wake – 31/08/2017

[2] « Sunset Sound, Los Angeles » – Sound On Sound – Hannes Bieger – 06/2013

[3] « The Rolling Stones Chronicle – The First Four Decades” – Massimo Bonanno – Plexus, London – 1997

[4] “Stones Touring Party – A travers l’Amérique avec les Rolling Stones » – Robert Greenfield – Le Mot et le Reste – 2017

[5] « Exile On Main Street – Une saison en enfer avec les Rolling Stones » – Robert Greenfield – Le Mot et le Reste – 2011

[6] « Keith Richards – The Unauthorized Biography” – Victor Bockris – Omnibus Press – 2006

[7] « « Stones In Exile »

[8] “Behind the Boards – Andy Johns – When the Levee Breaks” – Jake Brown – Hal Leonard Books – 2012

[9] “Life” – Keith Richards et James Fox– Robert Laffont – 2010

[10] “Mick Jagger” – Philip Norman – Robert Laffon – 2013

[11] “Fifth Beatle’ Billy Preston Made the Greats Even Greater – Richard Harrington – The Washington Post – 08/06/2006”

[12] ““Billy Preston & The Rolling Stones, 1971-1976” – Marshall Bowden – New Directions In Music”

[13] “The Rolling Stones – Fifty Years” – Christopher Sandford – Simon & Schuster – 2012

[14] “The Rolling Stones – It’s Only Rock’n’roll: Song By Song” – Steve Appleford – Carlton Books – 1997

[15] “Rolling With The Stones” – Bill Wyman et Richard Havers – Dorling Kindersley – 2002

[16] « Engineer Andy Johns discusses the making of The Rolling Stones’ ‘Exile on Main Street’” – Goldmine mag – Patrick Prince – 08/05/2010

[17] « Rolling with The Stones, la saga d’un groupe mythique en 3.000 photos » – Bill Wyman Bill –  Richard Havers – 2002 – Dorling Kindersley

[18] “The Rolling Stones – An Illustrated Record” – Roy Carr – New English Library – 1976

[19] « Who’s mocking Mary Whitehouse now? Book of her wonderfully forthright letters reveals the tireless anti-smut crusader was usually right” – Geoffrey Levy – The Daily Mail – 10/11/2012